En 2018, l’obligation de mutualisation des fonds de la formation professionnelle a été remplacée par un système de collecte unique, bouleversant les circuits de financement traditionnels. Certaines branches ont vu leur autonomie réduite, alors que d’autres ont obtenu des prérogatives renforcées dans la définition des besoins en compétences.La montée en puissance des opérateurs de compétences (OPCO) s’accompagne d’une redistribution des rôles entre État, partenaires sociaux et organismes de formation. Les conséquences financières pour les entreprises et les centres de formation d’apprentis diffèrent selon la taille des structures et les secteurs d’activité.
Ce que change la loi de 2018 pour la formation professionnelle
La réforme de la formation professionnelle engagée avec la loi de 2018, baptisée « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel », a bouleversé les fondations du système de formation professionnelle en France. Dès le 5 septembre, de nouveaux acteurs prennent leur place, les flux financiers sont repensés, et la certification qualité s’impose comme la nouvelle norme.
Au cœur de la transformation : France compétences. Cet organisme public national sert à la fois de pilote et de garant. Il gère la répartition des fonds issus de la contribution unique, surveille l’ensemble du dispositif et centralise les anciennes fonctions éparpillées. Résultat : la gouvernance devient plus lisible, la régulation aussi.
Le fameux compte personnel de formation (CPF) n’a pas échappé à la refonte. Chaque personne cumule désormais ses droits en euros, ce qui simplifie radicalement l’accès à la formation CPF pour tous les salariés, ainsi que pour celles et ceux à la recherche d’un emploi. La plateforme dédiée simplifie les démarches et propulse la reconversion professionnelle ou la montée en compétences à portée de clic.
Quant à l’apprentissage, il gagne en accessibilité. Toute structure de formation peut ouvrir un centre de formation d’apprentis dès lors qu’elle décroche la certification Qualiopi. Désormais, l’ouverture des contrats d’apprentissage et de professionnalisation ne se limite plus à un petit cercle : les règles s’allègent, les OPCO prennent le relais et pilotent la gestion financière du système.
Une transformation frappante : le plan de développement des compétences prend le pas sur l’ancien plan de formation. Les entreprises se retrouvent face à davantage de responsabilités : cartographier et faire évoluer leurs besoins devient un impératif. Pour les organismes de formation, pas d’alternative : démontrer la qualité de leur offre, obtenir la certification Qualiopi pour continuer à bénéficier des financements publics ou mutualisés s’impose comme la seule voie.
Quelles conséquences concrètes pour les entreprises et les centres de formation ?
La réforme ne laisse personne indifférent. Pour les entreprises et les organismes de formation, le quotidien change. C’est désormais le plan de développement des compétences qui dicte la stratégie. Les responsables RH passent du pilotage réglementaire à un vrai rôle d’impulsion pour les projets collectifs ou individuels. Les salariés, eux, disposent de plus de marges de manœuvre pour se former, et le dialogue social se renforce, notamment via le CSE. Identifier les besoins n’est plus une formalité, mais un engagement structurant pour l’entreprise.
Pour les organismes de formation, une étape décisive détermine la suite : la certification Qualiopi. Cette nouvelle règle du jeu impose d’adopter des standards précis : traçabilité, pilotage qualité, évaluation systématique. Face à cette exigence, les petites structures doivent exercer une réelle montée en compétence, revoir leurs méthodes et moderniser leurs outils, au risque sinon d’être écartées des financements.
Du côté des OPCO, on observe une réelle montée en puissance. Ces acteurs accompagnent désormais activement les entreprises : ingénierie de parcours, financement des dispositifs, soutien aux branches peu couvertes. Dans la foulée, la loi intensifie aussi l’action pour faciliter l’accès à l’emploi des travailleurs en situation de handicap et renforcer la transparence sur les écarts de rémunération femmes-hommes.
Avant la loi de 2018 | Après la loi de 2018 |
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Plan de formation | Plan de développement des compétences |
Financement dispersé | Centralisation via France compétences et OPCO |
Peu de contrôle qualité | Certification Qualiopi obligatoire |
Ressources et outils pour mieux comprendre et appliquer la réforme
Naviguer dans la réforme de la formation professionnelle suppose de s’équiper : supports, outils digitaux, documentation et accompagnement sont désormais incontournables pour bien gérer ce nouvel environnement. Les plateformes numériques redéfinissent le mode d’accès à la formation et à ses droits.
Chaque salarié peut consulter rapidement son solde CPF, sélectionner une formation, suivre son dossier et piloter son parcours via les plateformes prévues par l’État. Du côté des entreprises et organismes de formation, accéder à la réglementation, comprendre les référentiels, ou collecter les guides pratiques passe également par des portails spécialisés.
Les professionnels en gestion de la formation, les DRH et les structures de formation bénéficient désormais : d’espaces d’information, de ressources à jour et de documents qui décryptent les dernières évolutions. La certification Qualiopi dispose elle-même de guides et de référentiels en ligne, accessibles et consultés régulièrement par les professionnels.
Une palette d’outils accompagne la mise en œuvre quotidienne de la réforme. On retrouve notamment :
- Un portail dédié pour connaître et utiliser facilement son compte individuel de formation
- Des dossiers d’information sur la réglementation, les processus de certification et les dispositifs de financement
- Des guides sectoriels conçus pour orienter la stratégie RH ou aider à construire des parcours adaptés à chaque secteur
Cette ouverture de ressources va de pair avec plus de transparence. Les administrations, par le biais de rapports accessibles à tous, alimentent la réflexion sur l’évolution du système de formation professionnelle : coûts, efficacité réelle, taux de recours par secteur, etc.
Plus de place ni pour l’improvisation, ni pour le pilotage à vue. La loi de 2018 impose un rythme soutenu : les acteurs forment, innovent et adaptent, chacun à leur mesure. La suite ? À voir si ce nouvel équilibre saura transformer durablement la formation en levier de compétitivité et de progrès pour tous.